Conception graphique et montage : Jean-Marie Jolly

 

Un journal vraiment énervant

    Au moment d’écrire ce chapeau, je me demande si ce n° 6 ne va pas agacer avec Chaud la couenne, alors que les températures viennent brutalement de chuter, frustrer les passionnés de la pêche avec sa carte postale, faire enrager ceux qui ne pourront ni utiliser le langage des arbres de mai pour témoigner leur amour ni se “venger” de leurs voisins en ramassant ce qui traîne dans leurs propriétés pour le conduire sur la place du village, et, enfin, exacerber l’envie de ceux qui souhaitent se rendre rapidement à la Chartreuse du Mont-Dieu, un beau lieu de promenade…

Quant à ceux, privés d’emploi par la crise, je n’ose imaginer leur réaction devant la Macérienne d’où sortent des ouvriers et, surtout, quand ils entendront ces paroles extraites de La tendresse :

« La travail est nécessaire

Mais s’il faut rester

Des semaines sans rien faire

Eh bien… on s’y fait. »

 Jacques Lambert

 

Jeudi 30 avril 2020 : 45e jour

 

La pensée du jour :

« Sans la musique, la vie serait une erreur. »

Friedrich Nietzsche

     Commençons en chansons...

Chaud la couenne

Bruno à Launois en 2019.

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LE BAL À JOJO

La tendresse

Joël - à Launois en 2015.

   Se promener avec Terres Ardennaises

 

Où sommes-nous ?

 

   

    Nous étions… au Fort des Ayvelles

   

 Le plan de ce fort et d’autres photos :

 http://www.fortiffsere.fr/secteurmaubeuge-verdun/index_fichiers/Page522.htm

 

   L’Affaire des Ayvelles

 

    Contrôlant également la Meuse, le fort des Ayvelles est situé sur le passage de la IVe armée allemande. Son gouverneur est le chef de bataillon Lévy-Alvarès, ayant sous ses ordres deux compagnies du 45e RIT et 300 artilleurs territoriaux, pour la majorité originaires des villages voisins. En tout, un millier d’hommes avec une artillerie vieillissante, mais encore capable de combattre.

Alors que les combats principaux se déroulent dans la région de Sedan et attirent les troupes françaises, le fort se retrouve isolé avec l’obligation de tenir à lui seul un front de près de onze kilomètres. Dans l'esprit du commandant Lévy-Alvarès, les Ayvelles ne peuvent plus assumer la mission de point d’appui des troupes en campagne qui lui avait été confiée. Dans ces conditions, il décide durant la journée du 25 août d'envoyer une dépêche au commandant de la 4e armée pour demander des instructions en vue d’une évacuation. Toutefois, au lieu d'attendre un ordre de confirmation, il décide d'évacuer le fort le soir même.

Avant de partir, les pièces sont mises hors d'usage et le ravitaillement arrosé de pétrole. La garnison se met en route vers 23 heures le 25 août 1914 en direction de Boulzicourt. Entre-temps, le Gouverneur reçoit l’ordre du Général Eydoux qui commande le 11e corps de réoccuper le fort et de mettre en œuvre son artillerie. Il rejoint alors la garnison qui, après avoir bivouaqué à Poix-Terron, reprend la route des Ayvelles à 13 heures en ce 26 août !

Pendant ce temps, les Allemands n'étaient pas restés inactifs et préparaient le bombardement du fort des Ayvelles. Dans l’intervalle, le Général Eydoux envoie le 336e R.I. le 26 août pour réoccuper les Ayvelles. On n’arrive pas à remettre les pièces en état de tir, mais l’infanterie prépare la défense du fort.

    Dès la fin de l'après-midi du 26, l'artillerie allemande était prête à tirer. Elle ouvre le feu vers 17 heures, tirant à la fois sur la colonne de la garnison arrivant au fort et les troupes du 336e en position autour des ouvrages. En début de soirée, le 336e R.I. quitte ses positions et se replie. Plus tard vers 20 heures, 70 douaniers et forestiers des Eaux et Forêts arrivent au fort et constatent son abandon. En effet, la colonne de la garnison, prise sous le bombardement et en l’absence de son commandant, décide de se replier sur La Francheville. Conscient de sa faute, le commandant du fort se suicide le même jour. 

    Ignorant cet abandon, les Allemands poursuivent le bombardement le 27 août 1914. Par prudence, ils n'entrent dans les ouvrages que le 29 août. Les photographies prouvent que le bombardement, dont on ne connaît pas l’intensité exacte, n’a pas provoqué les dégâts irrémédiables qui eurent conduit à l’abandon du fort.

    Faute d’entretien et de mise à niveau suffisante, ces deux fortifications viennent de tomber en quelques jours. Désormais, à peine ralenti, plus rien ne peut arrêter le flot ennemi.

 

    Extrait de Stéphane André, « L’invasion des Ardennes, Août 1914 », in Occupations, Besatzungszeiten, Éditions Terres Ardennaises, 2007, 392 pages dont 13 en quadrichromie.

 

 « Fort Ayvelles bei Mézières ». Collection Dominique Mézières.

    Après leur entrée dans le fort, les troupes allemandes photographient les dégâts causés par leur artillerie. Cette vue du toit nous indique clairement que cette partie du fort a subi assez peu de dégâts.

 

La tombe du commandant Lévy-Alvarès.

    Les soldats allemands creusèrent la tombe du commandant Levy-Alvarès, qui fut enterré non loin du Fort. Un extrait de la Gazette de Francfort en date du 7 octobre 1914 confirme ceci : « Le commandant tomba, des soldats allemands creusèrent sa fosse. La tombe se trouve dans l'ombre de la forêt ; on y lit ces mots : ci-gît le valeureux commandant, il aima mieux mourir que survivre à la forteresse qui lui était confié, par cette croix de bois modeste, le soldat allemand honore en toi le héros, le devoir. 2e compagnie de Pionniers Territoriaux, septembre 1914. »

    La destruction du fort à l’automne 1914

    « Mme Létrange, Ernest Singevin et le couple Karleskind font allusion à l'explosion, en octobre, du fort des Ayvelles. Le jeune garçon la rapporte très brièvement, quand la première précise qu'on a demandé, le 29 octobre, aux habitants de Mohon d'ouvrir leurs fenêtres, certainement pour éviter qu'elles ne soient soufflées, et M. et Mme Karleskind, qu'en plus de ceux de Mohon, les habitants de Villers avaient “été informés d'avoir à tenir ouvertes toutes leurs portes et fenêtres”. Ils concluent : “Vers 11 h, la ville a ressenti une forte secousse suivie d’une détonation.” »

 « Fort Ayvelles bei Mézières ». Collection Dominique Mézières.

    Extrait de Jacques Lambert et Reinhold Weitz, « Charleville, capitale des puissances centrales, 29 août-31 décembre », in L’année 1914 à Charleville, Mézières et Euskirchen, Éditions Terres Ardenaises, 2014, 334 pages.

    

    La pêche

 

Collection Dominique Mézières.

     La pêche est pour l’instant interdite, en raison du confinement. Les pêcheurs, comme toutes les personnes qui souhaiteraient reprendre leurs activités de loisirs ne le peuvent pas, malgré un beau temps des plus engageants. Nul doute qu’ils ne profitent pas de cette pause forcée pour préparer leur matériel !

     Nous leur dédions cette carte postale, non pour raviver leurs regrets, mais parce qu’elle  porte l’impatience d’un homme. En effet, la formule : « Encore 31 paquets de tabac et la fuite » indique que le dénommé Charles est un militaire encaserné à Mézières, qui n’aspire qu’à retrouver au plus vite son foyer !  

 

    Les traditions de la nuit du 30 avril au 1er  mai

    Il y a quelques décennies avait lieu encore dans les villages une tradition qui occasionnait parfois quelques frictions entre la jeunesse et la population. Survivance des “foires de mai” rituellement organisées dans le courant du XIXe siècle[i], il s’agissait du déménagement des instruments aratoires ou domestiques autour du mai « communal »[ii] ; le charivari de mai a remplacé les arbres de mai, écrit Sagnet ; « On nous a pris une claie qui couvrait le gravier, dans la rue, les gamins du 1er mai ont fait cette farce » note J.T. Railliet. La nuit du 30 avril au 1er mai est « la nuit des farces, les portes des jardins, les brouettes, les herses, les charrues sont transportées d’un bout à l’autre du village ou dans les campagnes » rapporte Jules Lefranc, qui précise que ce n’est pas facile pour les habitants de retrouver leurs biens et qu’ils doivent se “démener”.

Devant l’église d’Évigny, le 2 mai 2001. Photo Ghislain Marry.


[i] Jacques Lambert, Campagnes et paysans des Ardennes 1830-1914, Éditions Terres Ardennaises, 1988, p. 422.

 

    Par contre, “la tradition amoureuse” de planter les « mais » ne survivait plus il y a 35 ans qu’à Châtel-Chéhéry. Elle était attestée dans les Ardennes depuis 1299 !

  

  Pour la découvrir : Planter les « mais », n° 8 de septembre 1984, pages 68-70.

Télécharger l'article (PDF) avec un clic sur l'image >>>>>>>>>

 

    1870-1873 - UNE PREMIÈRE OCCUPATION ALLEMANDE : SEDANTAG

 

    La guerre de 1870-71 marque durablement la mémoire collective des deux adversaires. En France, cette désastreuse défaite, présentée comme humiliante par son ampleur mais glorieuse par le sacrifice des soldats, influence fortement la politique française dans les décennies suivantes. La responsabilité de ce désastre est attribuée à Napoléon III et à son régime. L’empereur, le vaincu de Sedan, est cloué au pilori : c’est la « légende noire » du Second Empire.

    Pour les Allemands, la victoire de Sedan s’inscrit dans le cycle des victoires fondatrices avec toutefois la particularité d’être la victoire commune de tous les États allemands. L’anniversaire de Sedan, le Sedantag, devient jusqu’en 1918 la fête nationale de la victoire.

    Dans toutes les villes allemandes, lors du retour des soldats après le conflit, des arcs de triomphe comme celui qui figure sur cette photographie les accueillent avec les noms des principales victoires, où ne manquent pas d’y figurer la petite ville ardennaise !

Vue agrandie : clic ici

    De ce conflit va naître un profond antagonisme franco-allemand, fait de représentations collectives, de ressentiments et de haines.

Visitez le site et le musée  >>>>

    Faits-divers, Le Petit Ardennais du lundi 30 avril 1900, consultable sur le site des Archives départementales des Ardennes

 

Mézières Clément-Bayard 

Collection Dominique Mézières.

Collection Dominique Mézières.

Pour en savoir plus :

Jean-Claude Risse, « Une figure ardennaise : Gustave Adolphe Clément-Bayard, 1844-1928 », Terres Ardennaises n° 92, octobre 2005, p.10-20.

Jean-Claude Risse, « Le meurtre de M. Fernand Grospierre, directeur de la Macérienne en juin 1939 », Terres Ardennaises n° 129, décembre 2014, p. 33-37.

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Nouveauté

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Sorties

 

AD 08 - Cote PERH44 / 41 - Le PDF du journal du jour : clic ici

 

    Le dessin d'Alain Sartelet

 

    « En ce matin de juin de l’an de grâce 1620, deux jeunes visiteurs se présentent à la grande porterie de la Chartreuse du Mont-Dieu. Derrière cette fastueuse enceinte fortifiée à l’élégance baroque, toute vêtue de rouge, gris et or, se cache la plus belle et la plus ancienne des Chartreuses de France et son extraordinaire « Magna Ecclésia » l’église abbatiale embellie d'un dôme fleurdelysé d'or financé par Charles de Gonzague, prince aussi pieux que bâtisseur, le père fondateur de la cité neuve de Charleville. Les Ardennes de ce temps sont en pleine renaissance architecturale. Restitution et dessin Alain Sartelet, Ardennais confiné à Paris. »

      Texte et dessin Alain Sartelet, confiné à Paris.

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Nous avons publié d'Alain Sartelet :

La principauté de Sedan. 21 x 30 à l'italienne. 180 p., 1991.

Givet et sa région à travers les siècles.  25 x 30. 180 p. en quadrichromie, 2015.

- en coédition avec le Musée de l'Ardenne :

Mézières. Les fortifications et la citadelle. 20 x 25,5. 92 p., 2005.

      La page des jeux  - 1 - Les outils - Pascal Chagot
 

Quel est nom de chaque outil présenté ? Et quelle est son utilité ?

  1 : ........................   2 : ........................        3 : ........................     4 : ........................

Solution dans le journal n° 7.

    - 2 - Sudoku - Jean-Marie Jolly

Téléchargez les grilles  >>>> 

et imprimez les

  ou  

si vous disposez de 

la version Acrobat Reader DC

alors vous pouvez les compléter

directement avec l'outil   “Remplir et signer”.

 

 

    Sur le principe du sudoku, remplir la grille en respectant la règle habituelle :
une même lettre ne figure qu'une seule fois par colonne, une seule fois par ligne, et une seule fois par carré de neuf cases.
    Une fois complétée le nom d’un village ardennais devrait apparaître.

Remarque : deux grilles sont à votre disposition. La deuxième est d'un niveau plus difficile.

Solutions dans le journal n° 7.

     La page des jeux - Les solutions du journal n° 5

 

1 - SUDOKU des Archives départementales -

 

2 - Les outils - Pascal Chagot

Le nom de chaque outil présenté et son utilité :

1. Déplantoir :   

    Le déplantoir est utilisé par les agriculteurs.

2. Doloire : 

     La doloire est un outil qui sert à blanchir les troncs et à aplanir.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Doloire              

3. Pelou :

    Le pelou est un outil utilisé pour écorcer les chênes (écorces qui serviront à la fabrication du tan).

    http://www.vireux-rive-gauche.fr/index.php?post/2013/09/07/Le-pelou

 

   La lettre n° 79 de Terres Ardennaises d'avril 2020

 

si vous souhaitez la recevoir directement,

envoyez votre adresse mail à

terres.ardennaises@free.fr