Exposition

"IMAGES DE L'ANNÉE 1918 DANS LES ARDENNES"

à partir du 10 octobre 2018

dans la galerie de photographie du cinéma METROPOLIS (Charleville-Mézières)

 

 

 

L’année 1918 dans les Ardennes

 

Dans leur journal, M. et Mme Karleskind, gérants à Charleville du Buffet de la Gare et de l’hôtel Terminus, écrivent à la date du 1er janvier 1918 : « Que peut réserver cette année nouvelle qui commence si tristement ? Sera-t-elle enfin la dernière de notre captivité ? Envers et contre tout nous voulons espérer, espérer quand même ! »

Cette exposition de 20 photos –seulement, car c’est un véritable crève-cœur de choisir parmi la très importante iconographie à notre disposition – répond d’abord à ces questions puis illustre comment les espoirs de M. et Mme Karleskind se sont enfin réalisés.

Effectivement, l’année commence bien mal avec quatre offensives allemandes qui débutent le 21 mars, sur le front ouest. Ces quatre attaques, dans lesquelles sont engagés des soldats entraînés en France et des hommes revenus de Russie, permettent aux Allemands d’atteindre la Marne. Au cours de ces combats, ils font de nombreux prisonniers. Les pertes des différents belligérants sont immenses.

Mais devant la gravité de la situation, le général Foch devient commandant des forces de la Triple-Entente. Sous ses ordres, la seconde bataille de la Marne, du 15 au 17 juillet 1918, est remportée. Le 18, il lance la contre-offensive généralisée.

Les Ardennes sont libérées par des unités américaines, françaises, italiennes et tchèques au prix de combats acharnés. Les villes et communes de l’Argonne et de la Champagne ardennaise sont sévèrement touchées. L’agriculture ardennaise, comme l’écrit Jean-Luc Guillaume, « a particulièrement souffert de l’occupation ». Citons seulement trois exemples qu’il met en avant : de nombreux bâtiments agricoles sont détruits, il ne reste plus qu’un maigre cheptel de 500 vaches et il faut débarrasser 470 000 ha des obus qui les ont frappés…

Si, partout, les vainqueurs sont accueillis les bras ouverts, comme à Rocroi, il nous plaît de rapporter en contrepoint ces propos de Pierre Hamaide, un Haybois, reproduits par Guy Lépine : « Le 11 novembre, nous apprenions la signature de l’armistice et attendions nos libérateurs. Ce fut une légère déception, car au lieu des Poilus français dont nous espérions l’arrivée, ce fut une troupe de soldats italiens à la mine peu patibulaire qui débarquèrent par la route de Rocroi. » La prévention à l’encontre des immigrés italiens d’avant 1914 n’avait pas disparu avec leur engagement en mai 1915 aux côtés de la Triple-Entente !

Nous souhaitons aussi revenir sur l’évocation de l’ultime fait d’armes du 415e régiment d’infanterie contre la Garde prussienne, les 9, 10 et 11 novembre à Vrigne-Meuse, au cours duquel décéda le 11 novembre à 10 h 50 Augustin Trébuchon, dernier soldat français de la Grande Guerre mort au combat sur le front occidental. L’armée le déclara mort le 10 novembre… et se tut longtemps sur cet épisode tragique. Cent ans après, Alain Fauveau, petit-fils de Charles de Menditte, qui commandait à Vrigne-Meuse, déchire ce silence volontaire en s’interrogeant dans un livre récent sur « l’ordre surprenant (donné) de “franchir la Meuse, coûte que coûte, n’importe où et sur n’importe quoi”, et bien sûr sans délai ».

Au cours de leur retraite dans les Ardennes, dans les derniers jours de la guerre, outre les bombardements qui causent de nombreux dégâts, les Allemands se livrent, comme dans d’autres régions de France qu’ils avaient occupées, à des destructions volontaires et très conséquentes des moyens de transport – chemin de fer, routes, ponts, canaux – et d’une grande partie de l’appareil industriel. Les rivalités de l’après-guerre étaient déjà envisagée par les vaincus.

Chez les vainqueurs, le temps est d’abord aux remises de décorations à ceux qui ont permis une libération tant attendue. La veille, le jour même de l’armistice, un Ardennais et deux cheminots allemands « trinquent » ensemble à Givet, immortalisant dans un document unique leur espoir que la paix, revenue après 52 mois d’occupation pour les habitants des Ardennes, serait enfin définitive.

Jacques Lambert et François Thirriot.

 

Exposition réalisée avec le soutien des Archives départementales des Ardennes, d’Ardenne Métropole et du Musée Guerre et Paix en Ardennes

 

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Pour en savoir davantage :

Destins liés, occupés et occupants des Ardennes (1914-1918), ouvrage collectif, Éditions Terres Ardennaises, 2018.

La Première Guerre mondiale dans les Ardennes, Études pour le Centenaire, ouvrage collectif, Société d’Histoire des Ardennes, Éditions Terres Ardennaises, Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais, 2014.

Mourir le 11 novembre 1918, c’est mourir deux fois, Alain Fauveau, Éditions Terres Ardennaises, 2018.

Occupations/ Besatzungszeiten, Charleville-Mézières, ouvrage collectif, Éditions Terres Ardennaises/Geschitsvereein des Kreises Euskirchen, 2007.

 

Inauguration de l'exposition le 15 octobre 2018

Photos François Renaud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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