La revue N° 121

 

 

 

N° 121 - Décembre 2012

Éditorial

Trente ans...

En juin 1982, était publié le n° 0 de notre revue ! Depuis six mois, nous fêtons cet anniversaire : ce fut d'abord le 25 mai à Sedan la sortie de Roger Vincent, photographe sedanais, suivie du concert d'Yvan Dautin, puis, le 13 septembre, l'inauguration de l'exposition Roger Vincent à la Médiathèque de Sedan, ensuite, le 12 octobre, le lancement d'Enfances de “Vaillants” au centre culturel de Nouzonville, le 19 octobre, un concert à Neuvizy et, enfin, nous terminons par une exposition à la Vitrine Touristique du Conseil général des Ardennes, place Ducale à Charleville-Mézières, visible jusqu'au 6 janvier, et ce numéro 121.

À l'automne 1993, au cours d'une des premières expositions de Terres Ardennaises à la Vitrine Touristique, pour accompagner la sortie de notre numéro Frontières (2) réalisé avec le Service des douanes dirigé par Jean-François Beaufrère, Jacques Sourdille était présent pour l'inauguration. Je pense que, sincèrement, il appréciait Terres Ardennaises – dont il achetait souvent les numéros et certains livres – mais, à ses yeux, notre naissance au sein de la Fédération des Œuvres Laïques des Ardennes nous classait indubitablement à "gauche". La remarque que Jacques Sourdille me fit, en souriant, ne peut s'expliquer que par cette idée qu'il se faisait de nous : Cela vous plaît, vous qui êtes du côté des contrebandiers ! Je lui avais répondu en souriant de même : À vous aussi, vous qui êtes du côté des douaniers ! Et nous avions tous ri.

Partageant totalement l'affirmation de Jean Clerc dans Enfances de “Vaillants” : Jamais un Nouzonnais n'aurait considéré qu'un contrebandier était un délinquant, surtout pas, je suis encore plus à l'aise pour tomber d'accord avec Jacques Sourdille. Oui, à Terres Ardennaises, nous sommes quelque part des contrebandiers, car nous ne respectons guère les “frontières” communément établies.

Donnons quelques exemples. Nous avons tout de suite dépassé celles qui enferment un groupe sur lui-même : plus de 330 personnes, au minimum, ont écrit pour Terres Ardennaises, ce qui laisse augurer d'une diversité d'opinions, loin de la croyance – très, trop, tranchée – de Jacques Sourdille. Plusieurs de nos ouvrages, et non des moindres, sont bâtis à partir de témoignages d'Ardennais et d'Ardennaises, devenus alors eux-mêmes “nos” auteurs...

Nous n'avons pas vécu dans une tour d'ivoire mais nous nous sommes perpétuellement coltinés avec les frontières du réel, désireux de propager nos écrits le plus largement possible. D'où nos fêtes de Launois-sur-Vence : “Lire, boire et manger en Ardennes”, “Marché de Noël et de Saint-Nicolas”, qui n'auraient pas rencontré le succès sans l'aide désintéressée et le soutien matériel de nombreux et nombreuses bénévoles ; d'où notre présence assidue sur plusieurs fêtes et manifestations ardennaises ; d'où, enfin, ces multiples conférences données sur tout le département.

Nous n'avons établi aucune frontière entre nous et les autres organisations. Nous œuvrons côte à côte sur la même ligne de front, celle du combat pour l'histoire et la géographie, ignorant les confrontations inutilement suicidaires et recherchant toujours les collaborations fructueuses. Plusieurs fois, nous avons coédité des revues et des livres avec des associations départementales, nationales et, même, d'Allemagne ! Le pluriel de Terres Ardennaises nous a toujours prémunis de revendiquer un quelconque pré carré !

Cette non-reconnaissance des “frontières” n'est qu'un rappel pour les lecteurs et lectrices qui nous connaissent ! Par contre, ils et elles n'ont pas toujours pu s'apercevoir, qu'au sein de Terres Ardennaises, nous n'avons jamais dressé de frontières entre ceux qui écrivent – peu ou beaucoup – et ceux qui n'écrivent pas. Le livre de l'un, l'article de l'autre deviennent le livre, l'article de tous. Contrebandiers certes, mais jamais de manière solitaire. S'il n'en avait pas été ainsi depuis 1982, nous ne fêterions pas nos trente ans !

Jacques Lambert