La revue N° 123

 

 

 

N° 123 - Juin 2013

Éditorial

Terres Ardennaises ou Eaux Ardennaises ?

    En ce début d’année, si pluvieux qu’on lui accole avec justesse l’adjectif “pourri”, ce numéro 123 se veut délibérément optimiste puisque sa couverture renvoie à la production de fleurs séchées à Illy ! La remarque, à Sedan, d’un des premiers clients de Dominique et d’Yves Paulais, que je vous laisse découvrir n’en est que plus savoureuse ! Mais cette couverture et cet article ne doivent pas faire illusion : nos prochaines publications montrent bien que, dans notre département, l’eau est omniprésente…

    C’est, tout d’abord, la “mythique” Semoy qui coule d’abondance dans la monographie, Thilay d’hier en Pays de Semoy, signée par Robert Pascolo et que nous avons lancée le 10 juillet. Cet ouvrage, résultat de trente ans de travail pour la rubrique histoire du bulletin municipal de Thilay, ainsi que celui d’Henri Lamblot, Francheval, 1500 ans d’histoire entre Magne et Aubrun, dont on m’a confié l’agréable tâche d’écrire la préface, trouveront leur place dans toutes les bibliothèques des amoureux des Ardennes.

    Robert Pascolo et Henri Lamblot – comme jadis Pierre Hubert dans l’avant-propos de son livre, 150 ans de vie givetoise (1789-1940), – se défendent d’avoir écrit des livres d’histoire, puisqu’ils disent ne pas mériter, pour de multiples raisons, le titre, qui leur semble trop prestigieux, d’Historien. Ce n’est qu’affaire de mot, car, pour moi, ils ont rejoint la longue liste des érudits locaux ardennais qui, depuis la fin du XIXe siècle, explorent avec passion et exigence leur terroir, plus ou moins grand. Robert Pascolo et Henri Lamblot se montrent les dignes héritiers de ces curés et instituteurs de villages qui ont contribué de belle manière à nourrir l’histoire de notre département. Parmi de multiples informations, ils ne manquent pas d’étudier l’eau qui traverse Thilay (dont les fameuses débâcles de la Semoy) et Francheval (le Magne et l’Aubrun), ainsi que les lavoirs, les fontaines, les problèmes d’eau potable, les ponts, etc.

    Ensuite, nous lançons la souscription de Moulins des Ardennes par monts et par vaux, écrit par Marie-France Barbe, Sylvie Laverdine et Françoise Parizel. Elles ont minutieusement recensé 300 moulins environ, dont les ailes, actionnées par des mécanismes tirant le plus souvent leur force de l’eau mais aussi, parfois, du vent, ont tourné sur les pays divers qui forment notre territoire. Un travail, illustré à souhait, aussi inédit que passionnant pour le lecteur.

    Michel Coistia, dans son livre lui aussi fort précieux, Les moulins à couleurs des Ardennes, que nous avons publié en 1991, avait reproduit cette interrogation – parue dans L’Automobilisme Ardennais, n° 205 – quelque peu désolée d’Henri Manceau : Il ne semble pas que dans les Ardennes, à la différence d’autres régions françaises, on prenne garde suffisamment aux témoins matériels de la civilisation ancienne que représentent nos moulins, et spécialement les meules qui en restent.

    Pour notre part, ces deux parutions, fruits d’un travail acharné et enthousiaste et qui auraient réjoui à l’évidence Henri Manceau, à défaut de sauver physiquement certains moulins ardennais, en rappellent la “petite” histoire glorieuse et réussissent à nous convaincre, s’il le fallait, que l’abondance d’eau n’est pas que maléfique !

Jacques Lambert