La revue N° 143

 

 

 

N° 143 - Mars 2018

Éditorial

    Après le décès de Michèle Sanzé, à qui nous avons témoigné notre amitié dans le n° 141 de cette revue, nous voici de nouveau dans la peine suite à la disparition de César Meissner. Ancien gendarme, César avait tenu à écrire sur son métier : nous avons donc publié, dans la Collection Terres Ardennaises, en 1999 : « Les Gens d'Armes en Ardenne » et, en 2004, un numéro hors série : « La Garde Républicaine mobile, Les compagnies de Charleville, Vouziers, Stenay, 1930-1940, La gendarmerie des Ardennes, L'Occupation, la Libération. »

    Jacques Théret, un de ses plus proches amis, évoque dans ce numéro cet excellent compagnon qui, tant que sa santé le lui a permis, assura avec une grande exemplarité et une totale discrétion les tâches parfois ingrates qui incombent aux membres de Terres Ardennaises : relecture des revues et des livres, installations de nos fêtes à Launois-sur-Vence, tenue de stands, etc.

    La vie n'a pas été facile pour César et nous étions admiratifs devant sa manière d'affronter les coups du sort qui l'accablaient. Sa présence, sa gentillesse et le sérieux de son travail vont nous manquer.

    Maurice Plantin, lui, nous suivait depuis notre création et j'avais toujours plaisir à le rencontrer, d'autant que nous partagions la même envie : écrire sur l'agriculture ardennaise. Mais, en ce domaine, il avait un grand avantage sur moi : il avait été agriculteur ! C'était un de nos lecteurs assidus et attentifs qui nous aidait toujours avec des précisions écrites ou le prêt de photos précieuses. Nous sommes heureux de réparer le retard – trois ans ! – que nous mettons pour publier son dernier texte, avec le regret qu'il ne le lira pas dans ces colonnes. Nous n'avons pas voulu le voir vieillir, sans doute pour cacher que nous vieillissons aussi ! Sa disparition, à 94 ans, affecte ceux qui, à Terres Ardennaises, connaissaient sa personnalité franche et son amour de l'Histoire.

    La troisième personne est entrée, elle, dans l'Histoire depuis longtemps : il s'agit d'Augustin Trébuehon, tué à Vrigne-Meuse le 11 novembre 1918, à 11 h moins 10. Son décès, 10 minutes avant le cessez-le-feu, est le symbole même de l'injustice de la guerre d'autant que l'armée a caché la véritable date de sa mort, inscrivant sur sa croix : 10 novembre 1918 !

    Dans le livre que nous avons lancé le 15 juin, le général Alain Fauveau, petit-fils « de Berterèche de Menditte (1869-1931) qui commandait le 415e régiment d'infanterie à Vrigne-Meuse lors de l'offensive sur Mézières et Sedan », raconte ces derniers jours de la Grande Guerre dans la région de Vrigne-Meuse, Nouvion-sur-Meuse et Flize, volontairement occultés.

    Nous sortons de la lecture poignante de « Mourir le 11 novembre 1918, c'est mourir deux fois », hantés par cette remarque de son auteur : « Un siècle après ces événements dont le côté dramatique est manifeste, il est difficile d'expliquer et de justifier comment les ordres insensés de franchir la Meuse dans ces conditions ont été transmis par les différents niveaux hiérarchiques de commandement, et finalement exécutés apparemment "sans hésitation ni murmure". »

    Et nous avons découvert, à côté de la célèbre figure d'Augustin Trébuehon, de nombreuses destinées tragiques de soldats français et allemands, à qui cet ouvrage rend également hommage de belle manière.

 

Jacques Lambert