De toutes les nombreuses
notations qu'il consacre aux malheurs des conflits presque
incessants, je n'en citerai que quatre : « On prétend qu'il
y aura trop bien les soldats qui ne reviendront point de
Russie ; on dit qu'ils sont à la ville de Moscou par une
grande quantité le neige » (début 1813), « (...) jusqu'à
présent on dit que la guerre ne vas pas bien, ce qui donne
du chagrin dans les familles » (10 avril 1813), « Le jour du
mardi gras, les ennemis sont arrivés à Sévigny à 600 hommes
et chevaux ; à St Quentin 400 hommes ; ils y avont resté
deux jours ; on n'a point fait de mardi gras » (16 février
1814) et « Les ennemis sont encore rentrés à Rethel, une
réquisition est arrivée, cent cartels d'avoine, cent bottes
le foin, cent bottes de pailles » (21 mars 1814).
Combien d'Ardennaises et
d'Ardennais, civils st militaires, ont exprimé ou auraient
pu exprimer an semblable et poignant désarroi devant leur
vie bouleversée par les guerres de 1870-1871, 1914-1918 et
1939-1945 ? Une vie qui est dorénavant évoquée de belle
manière par le Musée Guerre et Paix de Novion-Porcien, seul
musée en France à traiter de ces trois grands conflits.
Dans l'article que je
consacre à la renaissance* de ce musée, dont je me réjouis,
je ne juge ni de la pertinence de son implantation en ce
lieu, ni des aléas successifs qu'il a connus, ni des coûts
et surcoûts qu'il a engendrés : j'affirme simplement que j'y
trouve de très nombreux points communs avec le travail
d'histoire que nous effectuons à Terres Ardennaises et qu'il
est essentiel pour connaître le passé douloureux de notre
département.
Mais ce qu'on attend d'un
musée spécifique, nos lecteurs n'entendent pas forcément le
trouver dans une revue qui se veut, elle, généraliste. En
finalisant ce numéro, nous nous sommes aperçus qu'à côté de
six contributions très diverses : biographies, souvenirs
d'enfance, évocations industrielles, sans oublier le début
d'une collaboration qui, nous le savons, sera fructueuse
avec les Archives départementales des Ardennes, il contenait
trois autres articles évoquant la Grande Guerre et la
Seconde Guerre.
Nous avons alors décidé lors
de notre dernière réunion de veiller à ce qu'il y ait moins
de guerre et plus de paix dans les prochains numéros de
notre revue !
Dans cette logique, il n'est
pas paradoxal que ce numéro lance la souscription du livre :
« Mourir le 11 novembre 1918, c'est mourir deux fois »
d'Alain Fauveau, général et petit-fils de Charles de
Berterèche de Menditte, commandant du 415e RI,
qui s'est battu à Vrigne-Meuse le 11 novembre 1918. Car cet
ouvrage raconte l'armistice du 11 novembre - jour où
Augustin Trébuchon, à Vrigne-Meuse, mourut 10 minutes avant
la fin du conflit ! - au cours duquel les Ardennes passèrent
de la guerre à la paix, pour 21 ans seulement...